Pitchfork Paris, jour 1

Depuis 2011 le festival américain déjà présent à Chicago – où le magazine Pitchfork est basé -, a également un petit frère sur le Vieux Continent : à Paris (unique lieu européen pour le festival) , à la Grande Halle de la Villette plus précisement. Le Pitchfork Music Festival Paris se tient cette année du 30 octobre au 1er novembre, et s’annonce déjà comme l’un des évènements musicaux incontournables de l’automne. A l’image du magazine, la programmation du festival se veut résolument éclectique : rock indé, electro, folk… Alors, premier jour, c’est parti !

Il n’y a pas de véritables têtes d’affiches qui se distinguent, excepté peut être James Blake, mais c’est une volonté assumée des organisateurs. Le lieu, la Grande Halle, ne s’y prête d’ailleurs pas vraiment. Le Pitchfork, ce n’est ni Rock en Seine, ni Solidays. Et c’est ce qui en fait tout son charme et son intérêt.

Les bouillonnants Ought ouvrent le bal

18h30 : Le groupe Ought déboule sur scène, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils veulent mettre le feu à cette immense Halle de la Villette ! Ce groupe aux multi-nationalités (un Américain, un Australien qui vivent à Montréal) a la dure charge de lancer le Festival. Mais les mélodies rock mêlées à des sons punk, à l’image de l’entêtant Pleasant Heart et des chansons où le chanteur Tim Beeler s’essaye presque à la protest song à la Dylan en « parlant » plus qu’en chantant le texte (Habit), font immédiatement mouche. Pas de répit. Que du gros son. Leur musique rude et catchy lance définitivement le Pitchfork.

Le romantisme assumé de How To Dress Well

How To Dress Well19h00 : Je me dirige vers le Green Stage How to Dress Well se prépare. Pour être honnête, je ne suis pas un hyper fan du groove de cet Américain que je trouve parfois un peu sirupeux à la limite d’un Justin Timberlake. Et bien raté ! Première bonne surprise. Sa belle voix, assez fragile, parfois haut perché, projette de manière surprenante. De plus, il déploie une énergie fiévreuse, presque romantique, combative et planante à la fois. Sans complexe d’être too much. Et finalement très communicative et étonnamment chaleureuse. A suivre…

La « claque » The Notwist

The Notwist19h40 : oui, tout est à l’heure pile au Pitchfork ! Et ce sont des Allemands que l’on attend, alors autant vous dire qu’on ne rigole pas sur les horaires ! Les très rares The Notwist à la longue carrière (25 ans qu’ils roulent leur bosse) font un show hyper pro, et balancent la sauce. Les « anciens » assurent franchement, prouvent qu’ils en ont encore sous la pédale wah wah et emballent facilement la Grande Halle. Des sons de guitares saturées, des rythmes tribaux, de l’éléctro et du rock, des voix parfois douces, le tout donne un melting-pot mi-angoissant, mi-festif. C’est la recette réussie de cet étonnant groupe hybride.

La Pause ?

20h30 : je commence à fatiguer. Je regarde la prog : War on The Drugs. Ok. Je vais faire hurler les fans (à juste titre), mais sa guitare « Dire Straits » ne m’emballe pas des masses. Il paraît qu’il faut faire des choix dans la vie ! Je décide donc d’aller poser mes fesses dans l’espace VIP et écouter d’une oreille distraite. Et puis, il fait soif…

Mes oreilles sont mortes…

21h20 : Mogwai. Comment vous dire…je vais vous parler d’un temps que les moins de 20 ans…patati…patata…bref, cela doit faire quinze ans que je n’ai pas vu ce groupe. J’attends donc les Ecossais avec une impatience non dissimulée. Leur musique planante est certes envoûtante mais…euh…les garçons, vous avez pensé à nos oreilles ??? La grande blague se répand immédiatement sur les réseaux sociaux, si t’as oublié tes Quiès pour Mogwai, t’es sourd… En tout cas, leur rock lancinant et mystique, leur musique faite d’ombres et de souvenirs d’outre-tombe, annoncent déjà qu’Halloween approche à grands pas, et enveloppent la Grande Halle d’une atmosphère presque surréaliste.

L’énergie sauvage de Jon Hopkins

 22h30 : retour sur le Green stage pour Jon Hopkins. Le producteur et DJ anglais nous délivre un set mémorable. Lancé à pleine vitesse, aidé par des superbes visuels, Jon Hopkins tient la Halle dans sa main et fait danser tout le monde. Impossible de lui résister. Sur une superbe vidéo d’un skater traversant des paysages arides et des banlieues américaines sans âmes dans une ambiance rude et romantique à la Gus Van Sant, Jon Hopkins balance une techno folle et tenace, grand public et pointue, originale et primitive… Il continue son set toujours illustré par des belles vidéos (une fille et un garçon semblent s’aimer et se déchirer, des scènes de danses, des visuels abstraits entre la data-concept et l’ADN…), explosif, vigoureux, brut. Implacable.

Le « prince » James

James Blake23h20 : l’heure a sonné. Place au Sir James Blake. Je l’avais vu au Trianon, et j’attends de voir ce qu’il peut donner dans le cadre d’un festival. Pas désarçonné par le set fiévreux de haute volée que vient de nous balancer son compatriote Hopkins, l’Anglais commence par, lui aussi, une mélodie lourde et des basses très profondes. Transition parfaite. Et quand les premières notes de Limit To Your Love résonne, l’émotion grimpe jusqu’en haut de mon crâne. Est-ce parce que je suis fan de cette chanson ? Ou parce que j’ai vu le clip 200 fois ? Ou est-ce l’apanage de toute chanson hors-norme, réussie ? Le spleen de James, son incandescence, son dub-step lourd, sa façon de falling (mot à peu près présent dans toutes ses chansons), sa voix douce et puissante le rendent toujours aussi magnétique. La sublime Overgrown finit par emballer tout le monde… there’s no limit to my love

Ce soir, jour 2 avec également une programmation de feu : Belle & Sebastian, Chvrches, St Vincent… Keep in touch

Report des Jours 2 et 3 : ici !

Concerts en live visibles sur : culturebox.francetvinfo.fr

 

2 avis pour “Pitchfork Paris, jour 1

  • 02/11/2014

    Ahaha, Très drôle, Annette ! Mais n’avez-vous pas remarqué que mon nom sonnait furieusement germanique ? C’était juste un peu d’humour (oui, un peu lourd…) Viele Küsse !

  • 02/11/2014

    Article très agréable et frais…. Juste un petit reproche…. L’allusion au côté stricte des allemands sur les horaires me semble un peu dépassée !!! On dirait une remarque de vieux !!!

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