Pitchfork Paris, jours 2 et 3

Après une première journée au Pitchfork Music Festival qui a plutôt bien tenu ses promesses, je me lance (remonté à bloc) à l’assaut des deux jours suivants à la Grande Halle de la Villette. Des jolies surprises, quelques passages à vide et du bon son qui envoie sévère. Live Report.

  • JOUR 2. Vendredi 31 octobre : c’est Halloween, les enfants !

Etonnant. J’avais presqu’oublié cette célébration macabre mais bon enfant qu’on essaye de nous vendre à grands renforts de pubs depuis des années. En arrivant à la Grande Halle, impossible de faire l’impasse : quelques kids se sont bel et bien costumés. Ambiance Tim Burton. Big up aux quatre rigolos habillés en squelette qui déambulent comme des morts-vivants. Mais c’est sur scène qu’il y a le show, et quasiment tous les groupes ont  joyeusement (effroyablement ?) joué le jeu.

Future Islands20h20. J’arrive juste à la fin de Son Lux. Dommage… J’enchaîne donc avec FUTURE ISLANDS, et là je félicite le programmateur qui a eu l’idée lumineuse de les choisir pour Halloween ! Samuel T. Herring, le leader surexcité du groupe (il roule à la coke ou…?), déboule sur scène déguisé en sorcière, comme un psychopathe assoiffé de sang ! Et pendant quasiment une heure, il ne nous lâche pas, sautillant et s’agitant comme un démon possédé. De la bonne grosse pop qui tâche (de sang), – avec bien trop de synthés eighties -, mais efficace et pas prise de tête à l’image de leur titre Seasons. Taillée pour un festoche, quoi.

Mø et CHVRCHES, « comme un ouragan » !

Chvrches21h30. La Danoise Karen Ørsted, de son nom de scène Mø, prend la relève. De l’électro lourde, entre hip-hop et dub-pop, de la provoc’, des yeux charbonneux de cadavre (toujours Halloween), de la natte tressée qui tourne et fend l’air (tu fais comment pour ne pas te flinguer la nuque, Karen ?), on n’est pas dans la finesse, mais ça fonctionne sur scène. Je me dirige alors vers l’autre extrémité de la Grande Halle pour CHVRCHES dans une ambiance totalement opposée. Back to the 80’s, deuxième épisode, apogée du synthé donc. Oscillants entre Duran Duran et la boîte de Biscarosse été 1987 – lumières stroboscopiques incluses – , les Ecossais enchaînent The Mother We share ou Gun sans complexe, avec une certaine euphorie emmenés par l’adorable chanteuse Laura Mayberry, elle aussi le visage blanchi façon goule pour l’occaz. Steph’ de Monac’ n’a qu’à bien se tenir, la relève synthé est assurée.

St VINCENT et Belle & Sebastian, vous avez dit éclectique ?

23h00. Annie Clark de St. Vincent arrive sur scène. Look de Drama Queen plutôt réussi, robe rouge et bleue à paillettes, elle semble vouloir être une nouvelle icône rock. Elle enchaîne ses morceaux à l’instar de Digital Witness, dans une ambiance résolument pop rock grandiloquente, et elle n’hésite pas à finir son concert, guitare saturée à mort, à moitié échevelée dans le public qu’elle met visiblement dans sa poche ! Manifestement heureuse, elle salue et applaudit la Halle en s’en allant. Sans transition, c’est le groupe Belle & Sebastian qui clôt la journée. Choix étrange pour finir, mais pourquoi pas ? Les Ecossais arrivent à une bonne quinzaine sur scène, et commencent avec une ambiance quasi country-rock, puis enchaînent avec leurs tubes, et surtout présentent leur nouvel album (pas encore sorti). Etrangement, je n’arrive pas être véritablement conquis par leur prestation, mais le tout reste hyper pro. L’heure tourne, et comme dit Scarlett (O’Hara, pas Johansson) : « après tout, demain est un autre jour… » Je décide donc de rentrer me coucher.

  • JOUR 3. Samedi 1er novembre : des lumières époustouflantes et un CARIBOU sauvage sur scène

Ah les lumières de la Grande Halle. Là aussi, énorme big up ! Il faut le dire, elles défoncent tout et contribuent largement à la réussite des shows.

20h00 pétantes. J’arrive tout juste pour FOXYGEN. Tiens, Iggy Pop a rajeuni de 40 ans… Le chanteur Sam France, torse poil, crinière blonde et pantalon en cuir moulant, se contorsionne sur scène et mouline des bras et des jambes avec une sauvagerie qui n’est pas sans rappeler notre Iguane favori ! Et musicalement ? Un peu psychédélique, un peu n’importe quoi, de la bonne humeur, des choristes déchaînées et un bordel organisé qui malgré de grosses imperfections fonctionne dans un festival. Et oui, on est là aussi pour le fun !

José GonzalesBon, je zappe Tune-Yards, désolé mais j’étais dehors à ce moment là, et je reviens voir José Gonzales que j’apprécie particulièrement. Et là, argh… Sa voix est claire et magnifique, il n’y a rien à dire, sa guitare cristalline mais un solo-guitare dans une halle immense, est-ce vraiment une bonne idée ? Les bruits des discussions autour de moi forment un grondement sourd sur sa musique, et José Gonzales reste sur le même mode monocorde pendant une heure. A côté de moi, dans l’espace VIP, j’entends même ma voisine lâcher « il m’a fait un peu chié en fait ». Un peu lapidaire ma chère, mais ça semble traduire le sentiment général, mis à part celui des premiers rangs transis, les seuls sans doute à avoir vraiment entendu le concert.

L’heure du dance floor a sonné…

23h. On passe aux choses sérieuses. C’est samedi soir, on est là pour la nuit, on veut danser et faire flamber la Halle ! JUNGLE, entité hybride et joyeuse nous balance un funk de derrière les fagots, lorgne même parfois vers Kool & the Gang, et réveille miraculeusement la Halle qui s’était assoupie ! Les Britanniques sont un chouette mélange des Scissor Sisters et du groupe Chk Chk Chk, mais à la sauce anglaise, groovy et carrément dansant. Ils sont un parfait « hors d’œuvre » (hé, hé, hé…) à ce qui va suivre.

… Et Caribou arriva !

Minuit. C’est au tour de CARIBOU de prendre les commandes. J’aime bien son électro que je trouve assez réussie, mais sans doute un peut trop intello. Grossière erreur ! Sur scène, le Canadien Daniel Snaith enflamme la Grande Halle à coups de techno dense et puissante, pleine d’énergie contagieuse. C’est hyper rythmé, ça tabasse, c’est intelligemment fait, c’est irrésistible ! Il enchaîne ses tubes comme Can’t Do Without You ou Sun qui retournent la Villette, et le lâcher de ballons multicolores au dessus de la foule fait définitivement chavirer la Halle dans l’euphorie et l’hystérie ! Même aux VIP, on bouche son boule. Thanx, Mister Snaith ! Après ce set imparable, Four Tet, qui prend la suite, a la pression.  Mais c’est une très bonne surprise. Le style est à l’inverse de Caribou, ultra dépouillé. Avec juste ses platines, le DJ anglais enchaîne et prouve qu’il peut aisément faire danser une salle immense avec sa seule présence. C’est plutôt réussi. Je reste jusqu’à 2 heures passées, emporté par sa fougue,  mais je pars juste avant que Jamie XX n’arrive sur scène. Ce sera pour une prochaine fois. Le Pitch’ à Paris, cette année, c’est terminé. Alors, Next Year ? For sure !

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