Spécial K #2 : Alexis MichaliK

K… comme Alexis MichaliK

Je ne me suis pas brûlé les ailes sous acides extatiques, je ne me suis pas aspergée de fluide glacial ni saupoudrée de poudre de perlimpinpin. Je suis juste allée au théâtre, mais parfois, c’est pareil.

The Prodigy

Au sujet d’Alexis Michalik, on lit « prodige du théâtre », on lit « pluie de Molières », mais tout cela ne dit rien de l’allégresse du show, des époques qui s’entremêlent, des destins qui se croisent, de la féérie qui nous percute, de la nostalgie heureuse et de la joie de vivre qui traversent toutes ses pièces.

Cela ne dit rien de la gratitude qui s’empare de moi, quand la création se fait magie pure et balaie les sentiments amers de sa pluie de paillettes.

Le Cercle des illusionnistes, bande-annonce

Méliès, Cyrano, Hitler et les autres…

On raconterait tout qu’on ne déflorerait rien, tant le burlesque, le romantisme, l’esprit de troupe, l’amour enfantin des histoires et la surprise font le sel des pièces d’Alexis Michalik. Du jeu, de la joie, une invitation au rêve : c’est un enchantement.

D’Edmond au Porteur d’Histoire, d’Intra Muros au Cercle des illusionnistes, il y a toujours cet hommage aux créateurs, aux grimoires qui révèlent leurs secrets, aux passages perdus qui ouvrent sur l’histoire (petite ou grande).

Le Porteur d’Histoire, bande-annonce

Le grand écran se fait théâtre, on rejoue la pièce (Cyrano) dans la pièce (Edmond) ; la réalité s’invite dans la fiction – ou inversement – par un jaillissement de fantaisie. Les mises en abyme, les flash-back réconcilient tous les genres : le cinéma, la littérature, le théâtre, les musicals

Féérie pour une autre fois

Les Producteurs, actuellement au théâtre de Paris, ne fait pas exception à la règle. Cette adaptation française d’une comédie musicale de Broadway, elle-même issue du film éponyme de Mel Brooks (sorti en 1968), est une merveille.

Les Producteurs, bande-annonce

La facétie et l’absurde vont crescendo, dans un hommage rocambolesque au « show must go on ». Quand un guilleret Bavarois se lance dans un éloge éperdu du « Führer » devant ses pigeons voyageurs, ou quand de joyeux nazis, arborant leur brassard à croix gammée strassée, virevoltent en un ballet flamboyant, me voilà pliée en deux sur mon siège. Charlie Chaplin nous adresse un clin d’œil malicieux, puis mille confettis s’éparpillent dans la salle, comme des trésors. Hélas, ces dernières semaines, ce colorama se reflète de manière plus étrange dans nos pupilles, comme si la grosse farce ne pouvait tout à fait dissimuler la douleur dangereuse de ces temps-là, si loin et soudain proches.

Cette pièce, telle ses aînées, est une pilule de joie, dont la douceur ne saurait pourtant cacher les multiples effets « Kiss Cool ». Entre absurde génial et onirisme de haute volée, je rêve éveillée. Finalement, on en revient bien aux substances psychédéliques…

Actuellement sur les scènes parisiennes :

 Le Porteur d’Histoire (2013) ; Le Cercle des illusionnistes (2014) ; Edmond (2016), Intra Muros (2017), Une histoire d’amour (2020) et Les Producteurs (2021). Le Porteur d’Histoire et Une Histoire d’amour sont également en tournée.

Spécial K / épisode 3 :
Vers l’abîme, d’Erich Kastner