Tricky : False Idols

Qu’on se le dise, Tricky est de retour ! Bien qu’il ne soit jamais vraiment parti… Libéré du carcan d’une industrie du disque trop étroite pour lui, il brûle dans son nouvel album ces False Idols, veaux d’or de musique et de papier glacé, et revient, les poings serrés et l’âme lavée, sur son propre label : False Idols, justement.

Album False Idols - TrickyÀ propos de ses dernières productions  discographiques Knowle  West Boy et Mixed Race – Tricky n’est pas tendre : « I thought they were good, but I realize now they weren’ t »… On peut ne pas être tout à fait d’accord avec lui, et pourtant il faut bien admettre que False Idols sonne comme une libération. Dès l’introduction, Somebody’s Sins, son rythme inquiétant et langoureux envoûte, grave et profond : « Ces péchés ne sont pas les miens… » On le croit sur parole. Presque immédiatement aussi, on remarque que Tricky n’a rien perdu de son génie du featuring. Les voix féminines de Francesca Belmonte, Nneka et Fifi Rong, ensorcelantes et gracieuses, vont, viennent, s’élèvent et se superposent, sur fond de basses lourdes et de samples diaboliques.

Sympathy for the devil

Diaboliques, parce ce que ces morceaux donnent, encore plus que sur ses autres opus – mis à part peut-être Maxinquaye et le mélancolique Nearly God –, une impression d’évidence absolue. Ah bon, Chet Baker ne chante pas « vraiment » sur Valentine ? Non, mais sa voix samplée, d’une douceur à fendre l’âme, épouse si bien celle de Tricky que le frisson vous gagne. Une émotion qui ne vous lâchera pas, tout au long de l’album, qu’il s’agisse de la jubilation sautillante de Bonnie & Clyde (on se croirait presque dans une boîte de Bristol !), de la colère à peine contenue de Does It, de la joliesse de If Only I Knew ou du délicat Chinese Interlude, bluette acoustique qui ouvre encore une nouvelle brèche dans le répertoire kaléidoscopique de ce musicien génial.

Tricky - False IdolsCar s’il a des préférences affirmées, des influences marquées, Tricky a su se forger une identité musicale propre, dénuée de tout préjugé, ouverte à tous les styles, perméable à tous les genres. L’exemple le plus parfait en est cette incroyable Parenthesis qui arrive au tiers de l’album et vous colle littéralement au plafond. Impossible de décrire une musique comme celle-là : la voix sublime de Peter Silberman, du groupe The Antler, se hisse à des hauteurs improbables, lancée par une guitare d’une agressivité salvatrice et portée par une rythmique en forme de coup de poing. C’est rock, dark, gothique, électro… et rien de tout cela en fait.

Tricky : vainqueur par KO…

Car, si l’album s’ouvre par un refus d’être sacrifié sur le Golgotha d’une société rongée par la vermine du consumérisme, il se clôt par un épisode de la Passion : Passion Of The Christ… Alors ? Tricky, figure christique ? Ou ange déchu revenu des Enfers ? Pourtant, False Idols n’est pas un album triste, bien au contraire… Si l’inquiétude subsiste, l’air y circule, libre, chargé d’oxygène. Un grand souffle libérateur d’où s’exhale toute la musicalité d’un des plus grands artistes du genre. Et je pèse mes mots…

False Idols, disponible à partir du 28 mai 2013
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Tricky sera en concert à la Gaîté Lyrique le 23 mai et en tournée dans toute l’Europe.

Pour en savoir plus, y compris sur les productions du label False Idols : http://www.trickysite.com/