Dead Can Dance / Jon Spencer

Un nouvel album de Dead Can Dance, en tout cas pour les fans – dont je suis –, est toujours un événement. Voilà pourquoi cet Anastasis, cette résurrection, 16 ans après Spiritchaser, leur dernier opus, ne pouvait être passée sous silence. Presque au même moment ressurgit Jon Spencer et sa Blues Explosion, lancés sur les routes depuis des mois. Un retour tout en Meat & Bone, une viande bien persillée, à s’appliquer en compresse après une sacrée baston sonore… Alors, qui ressort gagnant de cet improbable match musical de la rentrée ?

Mieux vaut le dire tout de suite, Anastasis est une déception… Déception relative, mais déception tout de même. Voilà un album bancal, parfois beau, il est vrai, mais de cette beauté un peu outrancière qui frôle la caricature. Un album à deux vitesses, sinueux et un peu répétitif, où les sonorités orientales évoquent plus le grand bazar d’Istanbul que la transe inspirée de sœur Marie Keyrouz, où l’allusion à la musique médiévale a perdu de cette magie qui habitait Aion.

Et pourtant, à combien de voyages immobiles ne nous ont pas conviés par le passé Brendan Perry et Lisa Gerrard, à combien d’errances Toward The Within ou The Garden Of Zephyrus ne nous ont-ils invités, toujours à mi-chemin entre l’ombre et la lumière ? Le morceau d’ouverture, Children Of The Sun, était d’ailleurs prometteur : la voix de Brendan Perry est intacte, impressionnante. Mais d’emblée, le doute s’immisce… L’amnésie (Amnesia) flirte parfois avec l’anesthésie. La faute à ces synthétiseurs, bizarrement datés, qui viennent enrober le tout…

Heureusement, tout vient à temps pour qui sait attendre : All In Good Times. Après une belle bouffée d’Opium ressurgit Astarté, son œil glauque, toute habillée de nuit comme un vénéneux cauchemar. L’enthousiasme revient. Car qu’importe après tout, Dead Can Dance reste un groupe à part, au parti pris musical rarement égalé, si ce n’est par quelques productions 4 AD aussi somptueuses qu’éphémères…

http://www.youtube.com/watch?v=aiDNf8trWn8

Pour réviser son Dead Can Dance en buvant une tasse de Lethé ou de bissap (la tournée européenne affiche complet) :

Spleen & Ideal (1985) – 4 AD

Within The Realm Of A Dying Sun (1987) – 4 AD

Into The Labyrinth (1993) – 4 AD

Lisa Gerrard : The Mirror Pool (1995) – 4 AD

Et Jon Spencer dans tout cela, me direz-vous ? Eh bien il « band » encore, en compagnie de ses acolytes de la Blues Explosion, Judah Bauer et Russel Simins, pour un Meat & Bone servi bleu, presque cru. Au menu, viande avariée, riffs ébouriffants et plongée dans l’Amérique profonde façon Délivrance. Enfin, en version très rock’n’ roll…

Un retour aux sources en quelque sorte, qui ravira les fans de tout poil. Comme on le pressentait sur scène, Jon Spencer ne s’est pas ramolli avec l’âge et continue d’explorer tout ce que le rock peut offrir de bruitiste et jouissif, à grands coups de ruptures sonores et de déhanchés diaboliques.

Un peu moins crypt, toujours aussi trash, il – wouah ! – a toujours un penchant certain pour les Strange Baby et continue d’avoir des idées noires (Black Thoughts). Comme Dead Can Dance, me direz-vous ? Sans doute, mais il semble – ouh ! – qu’une musique plus brutale, moins poétique, en apparence moins construite, supporte parfois mieux le manque d’inspiration. Oh ! Pardon…

Résultat du match ? A vos casques, j’attends vos avis !

http://www.youtube.com/watch?v=-vuxZZJlWS4

A se mettre sous la dent sur les conseils de Théophraste pour compléter Meat + Bone, avec le joli tablier de boucher proposé sur le site officiel :

Now I Got Worry (1996) – Mute Records

 Controversial Negro (Live In Tucson – 1997) – Generic

 Sideways Soul (1999) – Southern Records

2 avis pour “Dead Can Dance / Jon Spencer

  • 28/09/2012

    No way ! Are u kidding me ??? Jon Spencer sans aucun doute ! Avec la patate et le punch qu’ils ont, Dead can Dance se retrouve plus que KO sur le ring ! Avis objectif après analyse scientifique, évidemment…

  • 28/09/2012

    Résultat du match : Jon Spencer Blues Explosion pardi !
    Droits ds leurs bottes les gaillards !
    Super prestation au 106 à Rouen l’hiver dernier !
    Avis non objectif of course 😉

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