Idles : Ultra Mono, ultra flow

La musique rock est-elle le reflet de son époque ? Hydroalcoolisez-vous bien les mains, désinfectez votre stylo, vous avez 4 heures !

En ce qui me concerne, la réponse est oui, surtout à l’écoute du dernier Idles, Ultra Mono. Car « mono » il l’est : monosyllabique (on ne va quand même pas prétendre qu’il s’agit de chansons à texte), monomaniaque (quand il s’agit de foutre des coups de pieds au cul des dominants et à à peu près tout le monde en général) et limite mono (versus stéréo) tant le groupe s’évertue à gueuler en continu, y compris par amour.

D’ailleurs, de l’autre côté de la Manche, le débat fait rage, c’est le cas de le dire. Idles seraient des « usurpateurs de la colère » faisant du « good behaviour washing », endossant une posture punk et faussement prolo, ou, au contraire « un exemple génial de rock britannique » dans ce qu’il a de plus primaire et jubilatoire. Bon, honnêtement, par les temps qui courent : on s’en fout.

Idles - Ultra Mono
Idles – Ultra Mono

Post-Brexit, les pieds dans la covid ; à l’heure où, à l’Est, des filles, fleurs blanches à la main, se font battre comme plâtre pour la liberté tandis qu’ à l’Ouest, être noir vous vaudra au minimum un ou deux pruneaux dans la peau, pas sûr que ça vaille le coup de mégoter. Surtout que les riffs pugnaces et les mecs qui hurlent à pleins poumons, ne pas trop penser, putain, ça soulage… C’est qu’on se sentirait un chouilla tendu ces derniers mois, non ?

Alors, ce côté « Ultra » de l’album, c’est à dire bourrin, systématiquement teigneux, presque naïf dans sa volonté de provoc facile et de tendresse bourrue, plus qu’efficace avec ses batteries enfiévrées et ses rythmiques scandées, on ne va quand même pas cracher dessus. Ils ne prennent pas de gants, nous non plus, et surtout pas à usage unique, ah ça non, seulement ceux du rayon boxe… Alors bien sûr, Danke, War, ou Ne Touche Pas Moi (c’est du mauvais français et ça ne parle pas de distanciation sociale mais de harcèlement sexuel sur le dance floor, pousse-toi gros lourd, oui, toi !), sont des tubes en puissance que les fans reprendront en coeur en festival, eh bien, qu’on nous jette la première pierre :

« Ne touche pas moi, This is my dance space, Ne touche pas moi, This is your dance space, Ne touche pas moi, This is my dance space!!!!! ! »

Crédit photo : Tom Ham