Des cendres et du vintage !

Trouble (savamment ?) entretenu dans la discographie du groupe Phœnix… Nos Versaillais, volontiers adeptes d’une nostalgie pop et proprette, auraient-ils enfoncé leurs pattes de prédateur dans une parodie de rock de la fin des seventies ? Deux « nouveaux » albums trônent sur les sites Internet d’écoute musicale, pourtant datés de 1976 et 1979. Ça ressemble à un happening musical trop bien senti, ça pourrait bien être du Phœnix, ça sonne comme du Led Zep’ avec un brin de Lynyrd Skynyrd à la sauce Eagles (sans blague !). Rien de révolutionnaire, mais encore une réminiscence du passé, l’apothéose d’une renaissance sur les cendres de toute la mythologie du rock. À y regarder de plus près, Phœnix le Jeune sert en fait de tremplin à un volatile bien plus ancien, un groupe britannique mené par John Verity et resté confidentiel… Ou comment, pour se faire une place au soleil, le vrai passé, l’authentique, le pur et dur qui sent le rance et la bière parle à un minot vintage, bien rangé dans des tiroirs de grand-maman aux senteurs de lavande. Juste retour des choses…

Car il faut bien le dire : si l’oisillon rare chouchou de la réalisatrice Sofia Coppola procure la moindre petite joie, c’est bien en raison de sa propension à convoquer le old-school, le déjà-vu, les sonorités et les sensations frôlées à l’adolescence, les mercredis d’ennui et de pluie, les rêves d’Amérique sur le fief de Louis XIV. Une petite joie, comme dans les films où Sofia effleure ses personnages et la vacuité de leur existence, s’essaie à la cool nostalgie et nous entraîne facilement, sans vraiment nous emporter. De petites tragédies dans un monde où le culte des idoles du baby boom a remplacé les luttes, où la douceur feutrée des films à la papa (bizarre, non ?) tient lieu de viatique. De petites tragédies qui nous entraînent, sans vraiment nous emporter… Dans Somewhere, les pas de l’antihéros sont presque chassés, tendrement enrobés dans le coton de la musique phœnixienne ; la douleur perce douillettement, la fillette blonde pourrait avoir un physique de peste mais c’est un ange, telles les jolies ingénues de Virgin Suicides, telle Scarlett Johansson au temps de Lost in Translation.

Pas d’emportement : juste du cool, une musique qui sonne bien entre une lampe Jieldé, un buffet fifties, un corsage Marc Jacobs et un apéro dînatoire de trentenaires.

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