Binic Folks Blues Festival 2017 – Jour 2

Les remords s’estompent, il paraît que Tim Presley n’a pas joué. Bizarre. On élucidera ça plus tard, de toute façon, il repasse ce soir à La Cloche. Une promenade de santé – le réveil a été dur -, s’impose. Direction le quai Jean Bart et un rade improbable comme on les aime : bière pas chère, emplacement sympa, patronne à l’avenant. D’habitude, c’est tranquille, mais là, les places au soleil (oui, il fait beau en Bretagne !) sont chères. Pour tout dire, on serait bien allé au Chaland (qui passe) mais ce n’est même pas la peine, l’endroit dégueule de monde. On murmure que cette 9ème édition affiche une affluence record, on veut bien le croire.

Binic Folk Blues Festival 2017 - Jour 2
Binic Folk Blues Festival 2017 – Jour 2

Tiens, un mirage, quelque chose brille au bout de la plage de la Banche et l’écho des soundchecks nous attire irrésistiblement, ça doit être un signe. La piscine ! Oui, il y en a une à Binic, d’eau de mer et tout à fait improbable, visible uniquement à marée basse, bien glissante sur les bords. D’ailleurs, on y boit l’apéro sur les bords. Tout à coup, Théophraste se dévisse la tête, à croire qu’il a vu le Saint-Esprit ou quelque chose du genre. King Khan, c’est King Khan ! Par Vishnou, certainement pas ! Le Khan, en train de barboter mollement dans cette eau saumâtre, parmi le commun des mortels ? L’homme qui porte des casques à pointe pour aller acheter ses bratwursts à Berlin ? Impossible. Si ! Non ! Je te dis que si ! Bon, il joue demain, il sera toujours temps de vérifier…

A Pommelec, les Italiens de Big Mountain County sont franchement une bonne surprise. Pas de doute, c’est du rock, classique, un rien psyché, sauvage juste ce qu’il faut. Note pour plus tard : écouter Anachronicle, leur dernier album en date, enregistré en live. D’ailleurs, le public a l’air d’aimer et le prouve vigoureusement, mis à part quelques punks à chiens – pardon pour les punks, les vrais – qui préfèrent méditer sur les mérites comparés de Canimou et de Royal Fretin. Mais pas de mauvais esprit, c’est déjà l’heure de la galette saucisse, de Blind Butcher et du chardonnay : on ne voit plus le temps filer.

Blind Butcher © Caroline Bodin
Blind Butcher © Caroline Bodin

De Blind Butcher, on connaissait surtout Alawalawa, single iconoclaste et titre éponyme de leur album paru chez Voodoo Rythm, une sélection à l’arrache de cette édition 2017. La vache, le label ne mentait pas, c’est bien du « post punk – new wave kraut – disco trash énervant » ! « Vous parlez autrichien ? », c’est Christian Arreger, le guitariste, et chanteur, qui pose la question. Je ne savais pas que l’autrichien était une langue et… Sans attendre la réponse, le duo se remet en mode « tatapoum » ; ça frappe fort, très fort. Et tout à coup, à grand coups de Mojo électrisés dans l’oigne, la Nef des Fous, la vraie, se met en branle. Un canot pneumatique glisse sur la foule et ça se met à crowd surfer, à body surfer, à slamer, à sauter sur place. « Issa… hotta… isse… harsha », c’est vrai que c’est une belle langue ! Blind Butcher en fait, ce serait un peu du Devo sous acide, du Kraftwerk version punk, ou Can sous Hexentanzen, enfin, quelque chose comme ça.

Galvanisée par tant de grâce cacophonique, je me rue backstage et saute littéralement au coup de Roland Bucher, le batteur. Je veux savoir d’où ils viennent, si ça marche pour eux au pays des coucous, qui a fait leurs costumes de scène… Lucerne, Corinne Odermatt et Anita Zumbuhl en l’occurrence, et oui, ça commence à marcher pour eux depuis 2-3 ans, mais des réactions comme à Binic, ça… Ils sont d’accord pour la photo, avec un android en plus, et ça les fait marrer : « c’est ça Binic, tu peux y aller ! ».

Un grand merci à l’excellent photographe Cyrille Bellec pour ses magnifiques photos :

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