«Old Bones/New Fire», le salut de Miraculous Mule

A genoux pêcheurs, la mule miraculeuse est de retour ! A terre, mécréants, et prêtez bien l’oreille, car là où vous mène la trace de ses sabots, se trouve la rédemption ! Du moins celle de Michael J. Sheehy et de ses acolytes venus une fois de plus prêcher la bonne parole, à trois voix cette fois, du retour aux sources du rock’n roll, c’est à dire du blues : hallelujah !

Old Bones/New Fire

«Vieux os, feu nouveau», la formule est intraduisible mais rien n’est plus vrai: c’est souvent dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, ou du moins la meilleure soul, amen. Plus calme et plus introspectif que les précédents, ce nouvel album de Miraculous Mule depuis Two Tonne Testimony (2017), revisite avec grâce standards du genre, spirituals et autres airs traditionnels, pourvu qu’ils nous emmènent au plus profond du coeur humain, c’est à dire au croisement des chemins*, en direction du ciel, ou de l’enfer.

Miraculous Mule - Photo by Marc Blackie
Miraculous Mule — Photo by Marc Blackie

Love/Hate

La damnation, Michael J. Sheehy, dont les nombreux avatars ont été présentés ici bien des fois, en est revenu il y a longtemps mais il en a gardé le goût des mélopées âpres et incantatoires: chants d’esclaves, prison songs ou balades folk, pourvu qu’elles parlent d’amour,  d’espoir ou de mort. Au final, seul le décor change, qu’il s’agisse d’un champ de coton du sud des Etats-Unis, d’étendues de tourbe ou du mur gris d’une prison, le sentiment est le même.

Composé de deux sessions enregistrées à presque 10 années d’intervalle, entre 2011 — période Blue Uzi — et 2020 (en plein confinement), Old Bones, New Fire n’en n’est pas moins parfaitement harmonieux et logique, et bien malin celui qui pourrait dire à quelle session appartiennent les 10 titres de cet album particulièrement bien produit.

Nobody/Nothing

Sur You Gonna Get What You Deserve par exemple, seul morceau original composé par Sheehy himself, les arrangements, subtils, évoquent discrètement Buffalo Springfield ou un Van Morrison première période. Nobody/Nothing s’emballe sur fond de banjo et de guitares électriques, quant à l’atmosphérique O Death, il laisse la voix libre à Alex Louise Petty dont le timbre sobre, porté par des superpositions de voix fantomatiques, apporte au titre une nudité presque inquiétante.

L’exercice de la reprise, ou plutôt de la réinterprétation, de ces morceaux appartenant désormais à l’Histoire de la musique avec un grand H, nous ramène à cette réflexion sur les allers-retours constants qui n’ont cessé d’enrichir blues, gospel et autre soul music. Naviguant au fil des siècles et des décennies de part et d’autre de l’Atlantique, ils changent sans cesse de forme et de couleur**, l’aspect religieux devenant presque accessoire, ou simplement métaphorique. Et avec ce Old Bones, Young Fire de Miraculous Mule, Ô Lord, c’est forcément pour le meilleur !

Miraculous Mule — «Old Bones, New Fire», est déjà disponible sur Bandcamp. Sortie sur supports matérialisés le 9 septembre 2022

Miraculous Mule :
Ian Burns: drums, percussion, vocals
Patrick McCarthy : bass, banjo, lap steel guitar on track 9, vocals
Alex Petty : vocals, percussion, djembe drums
Michael J Sheehy : vocals, acoustic and electric guitars, keyboards

*Mon conseil, prenez à droite, c’est vachement plus marrant…
**Jusqu’en Auvergne rien que chez nous, c’est dire !