Mon beau sapin, roi des sillons !

Non, le père Noël n’est pas toujours une ordure. La preuve, il a déposé au pied du sapin ses meilleures idées de cadeaux de dernière minute. D’accord, il va vous falloir faire très vite, et sans l’aide du Tricatel de la livraison mondiale, mais on ne sait jamais, il y a peut-être un disquaire indépendant ouvert près de chez vous ? Go on Rudolph, you’ll go down in history!

Pour vos amis rétros et dépressifs

Souhaitez-leur « A Ferry Christmas » ! Le plus irrésistible dandy du rock britannique est de retour avec Bitter-Sweet. Presque vingt ans après As Time Goes By, ses cordes vocales et son Ferry Orchestra n’ayant pas pris une ride, le leader de Roxy Music vous retourne toujours comme une crêpe avec ses réinterprations des titres emblématiques qui ont jalonné sa carrière. Revigoré par son travail pour la série allemande Babylon Berlin, il s’inspire ouvertement de Kurt Weill et du paysage musical de l’entre-deux-guerre. Crépusculaire et fascinant.

A offrir avec :

— Le livre « Vers l’abîme » d’Erich Kastner parce qu’il faut être lucide, la débâcle n’est pas loin…
— Le coffret DVD de la saison 1 de Babylon Berlin de Henk Handloegten

Pour votre voisin romantique

Il est tellement timide qu’il bafouille quand il vous tient la porte et s’étouffe si vous lui parlez d’Elliot Smith. Foxwarren, le nouvel avatar d’Andy Shauf est pour lui. Toujours aussi délicat, le songwriter magicien nous prouve que sa voix vaporeuse supporte aussi bien la guitare sèche que les accords électrifiés. Accompagné de ses trois musiciens et amis de longue date, il gagne même en densité et, toujours aussi à l’aise sur la corde raide, s’essaye parfois au prog rock : un grand séducteur malgré lui. Si après ça, votre voisin ne sonne pas à votre porte avec du sirop d’érable…

A offrir avec :

— Une place pour Foxwarren dès qu’ils passent dans l’hexagone parce qu’Andy Shauf en live c’est (très) bien.
— Le Lonely Planet consacré à l’Ouest canadien, à feuilleter tout en chantonnant la plage 7 de l’album, Your Small Town.

Pour votre cousin rockabilly

35 ans déjà qu’il porte des jeans à revers et une veste en denim qui semble avoir été cousue sur lui et pourtant Vince ( de son vrai nom Vincent) a le sens de l’humour et un swing du tonnerre. Plutôt qu’un pull moche à pompons, offrez-lui Socks de JD McPherson, on n’a probablement rien fait de mieux en matière d’album de Noël depuis l’Elvis Christmas Album. Irrésistiblement dansant, complètement bluesy – surtout sur le titre éponyme – il rendrait jaloux Nick Waterhouse himself. D’ailleurs, JD est en peu de temps devenu La référence absolu en matière de vrai rock’n roll. La preuve, Johnny Vacances a fait une reprise de son Let The Good Time Roll sur son album posthume. Holy Cow…

A offrir avec :

— Une guitare customisée signée TK Smith (vous avez les moyens !)
— Une paire de chaussettes années 50 made in USA, 10 $ sur Ebay

Pour votre tata amoureuse des Balkans

Elle ne jure que par leurs paysages montagneux et se fait appeler Sofia depuis qu’elle a 15 ans, pas de doute le nouvel album du Mystère des Voix Bulgares, BooCheeMish, est pour elle ! Toujours dirigé d’une main de maître par Dora Hristova, musicologue et chef de choeur historique de la formation, l’ensemble vocal n’a rien perdu du mystère qui lui a donné son nom. Accompagné sur scène par Skiller, un incroyable « human beatbox » bulgare, rajeuni par les compositions de Petar Dundakov et galvanisé par l’intervention irréelle de Lisa Gerrard – effarant Manni Yanni – qui réalise là son rêve de longue date, ce Mystère-là tutoie souvent le sublime.

A offrir avec :

Dyonisius, le dernier album de Dead Can Dance où Lisa Gerrard endosse la tunique de Psychopomp. Un voyage au pays des morts envoûtant et syncrétique à souhait.
— Une bouteille de slivova rakya, la mort ça donne soif !

Pour votre belle-mère

Elle ne vous calcule pas, critique votre intérieur et vous appelle Karine – vous vous appellez Zoé – depuis 10 ans, il est temps de prendre Santa par les grelots ! Bon d’accord, offrir à qui que ce soit le dernier méfait de William Shatner, Shatner Claus, relève d’une cruauté digne de l’inquisition espagnole mais elle l’a bien cherché. La pochette est monstrueuse, l’idée même de Jingle Bells braillé en choeur par un capitaine Kirk ayant largement abusé de Egg Nogg (dixit !) et Henry Rollins – oui Henry Rollins, du Rollins Band, ce Rollins-là… — est monstrueuse. Le pire étant que des pointures comme Iggy Pop, Ian Anderson (Jethro Tull!) ou Billy Gibbons de ZZ Top s’invitent à la fête. Les lutins avaient du fumer…

A offrir avec :

— L’intégrale de la série originale Star Trek en DVD
— Une brique de lait de poule Québon, 1 % de matière grasse, prend ça dans les dents la vieille !

Pour vous et toutes vos copines

Oui, on a le droit de se fantasmer en James Bond Girl à plus de 30 ans et de regarder en cachette la série Girls (surtout l’épisode où Adam Driver court torse nu dans New York) tout en aimant le rock et en étant féministe ! On a aussi le droit d’écouter de temps en temps de la musique facile… Et non, on n’écoute pas Jonathan Jeremiah « que » parce qu’il fait 1m90 et porte très bien la barbe ! Un brin soul, totalement crooner et franchement séduisant, son album Good Day, sorti cette année, est un pur régal pour les oreilles.

A offrir avec :

— Un ticket U-Bahn pour voyager à Berlin : « It’s not too late for us Jonathan! »
— Une place pour aller le voir à la Boule Noire à Paris le 29 février 2019 : hiiii !

Un avis pour “Mon beau sapin, roi des sillons !

  • 01/01/2019

    It socks! Génial !

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