John Williams — Maureeny Wishful | Le grenier d’HdO #1

Que celui ou celle qui n’a jamais rêvé d’une malle enchantée d’où surgiraient étoffes aux teintes passées, bijoux précieux ou génies endormis me jette le premier vinyle !

Le grenier d’HdO recèle de ces merveilles trouvées par hasard sur une compilation, à la radio, dans un marché londonien ou une échoppe sévillane. Qu’importe l’endroit pourvu qu’on ait l’ivresse de la découverte, la fébrilité de la merveille cachée, le mystère qui enveloppe parfois ses interprètes, oubliés, retrouvés ou perdus à jamais. Mais par qui inaugurer cette rubrique ? Les trésors sont nombreux, les raretés abondantes, la quête infinie. Déjà exhumés de la malle, Sixto Rodriguez brille désormais au firmament des gloires recouvrées et Vashti Bunyan soit louée, Nick Drake n’est plus à présenter.

Alors fouillons au fond du coffre, tout au fond, derrière les vieux papiers, les photographies écornées et les articles découpés dans un journal datant de… 1967, 1968 ? 50 ans au gui l’an neuf de cette année 2018 qui vient de commencer ! Pour arriver à John Williams, il aura fallu tirer sur le fil de My Ways Are Set, single mélancolique où guitare sèche et harmonica se frottent au chant des microsillons sur l’un des volumes de la très recommandable Picadilly Sunshine collection. A l’ère des Mp3, les vinyles ont encore et toujours le dernier mot.

John Williams – à ne pas confondre avec le compositeur du même nom – n’écrira jamais la B.O de Star Wars. Membre des Authentics dans la première moitié des années 60, vocaliste, bassiste et guitariste britannique, il s’en échappe à l’époque pour donner vie à des balades folks aussi gracieuses que classiques. Un album éponyme, en 1967, évoque irrésistiblement des errances juvéniles à la Llewyn Davis* avec des titres tout en délicatesse comme Ramblin’ Boy ou I Wonder Why. Ah, si on pouvait remastériser tout ça, en ôter le souffle du temps et en retrouver les couleurs d’origine !

Heureusement, c’est chose faite sur The Maureeny Wishfull Album, une petite merveille « nettoyée » en 2016 et enregistrée à l’époque, en 1968, avec le concours de Big Jim Sullivan et d’un certain… Jimmy Page qui auraient même signé certains titres. Oui, lecteur, tes yeux ne te trompent pas, ce Jimmy Page-là ! Imprégné de l’air du temps, Maureeny Wishfull embaume par moment l’encens du psychédélisme à la mode – guitares sèches et sitar –, s’accorde des moments plus bluesy, pour revenir à de ravissantes, et très anglaises, mélodies comme Another Winter Another Spring, London Town – résonnent en écho les street cries « oranges, buy my oranges » -, ou Gypsy Girl & The Poor Boy, joli conte où les diseuses de bonne aventure voient l’amour au creux d’une paume juvénile.

Une rareté absolue donc, à savourer en amateur de folk éclairé. Mais John Williams dans tout ça ? Disparu, broyé par une décennie trop foisonnante, hors du monde ? Pas vraiment. Discrètement, il a vieilli, et Maureen est toujours à ses côtés. C’est le bon côté du grenier…

Pour en savoir plus, lire l’interview du très pointu Psychedelic Baby Mag.

Ou aller jeter un œil chez Tor Records pour en savoir plus sur la réédition du single Train.

Et n’achetez surtout pas l’album avant qu’on se le soit procuré !

*Voir «Inside Llewyn Davis» réalisé par Joel et Ethan Coen (2013)