La Part des anges

Good News. Ken Loach a décidé d’être optimiste ! Son dernier film, La Part des anges (The Angel’s Share),sorti ce mercredi 27 juin, est une petite comédie simple et légère aux vapeurs pur malt et sympathique comme tout !

Pourtant, tout commence comme un « authentique » Loach. Ambiance de tribunal, fuck tous les quatre mots, girlfriend enceinte, gueules balafrées, tension douloureuse… Le drame social britannique reste bien le point de départ de ce nouveau long métrage et nous renvoie d’ailleurs aux oubliés du système de la belle expo Chris Killip. Mais Loach prend rapidement la tangente et choisit le chemin de la comédie. Nous voilà donc embarqués avec une équipe de joyeux bras cassés condamnés à des travaux d’intérêt général bien peu passionnants. Comment accéder à la rédemption pour ces inadaptés sociaux apparemment irrécupérables ? La réponse semble évidente pour Loach : les sortir de leur quotidien pourri par… l’alcool, bien sûr ! Et par n’importe lequel ! Nous sommes en Écosse et la fierté « nationale », c’est le whisky !

Le parcours chaotique, mais amusant, de nos quatre compères vers une vie meilleure est supervisé par un généreux formateur qui va leur apprendre à apprécier et à reconnaître les bons, voire les très rares et remarquables whiskies. Mais cette découverte gustative va leur donner une idée loufoque et pas vraiment honnête… Et c’est ce qui est plutôt  réussi dans le film de Loach ! Le propos politiquement incorrect et l’accès à une certaine forme d’apaisement par ce biais-là sont une véritable respiration salvatrice ! Le whisky, les petites arnaques, l’amateurisme, la « cambriole à deux balles » peuvent être (et pourquoi pas ?) une façon réjouissante de se sortir d’un fatalisme social pesant ! Les comédiens du « cru », tous excellents avec leurs trognes cassées et leur accent à couper au couteau typiques du cinéma de Loach, apportent toute sa saveur (maltée) au film et rendent immédiatement attachants des personnages bancals abîmés par la vie.

C’est sans doute un film mineur dans la riche filmographie de Mister Loach – nous sommes très loin du splendide Le vent se lève –, mais on s’en fiche un peu ! Cette comédie sans prétention nous file la banane (flambée au whisky, of course…). Et si vous voulez savoir ce qu’est la fameuse « part des anges », foncez dans la salle obscure la plus proche où le film est projeté. Et consommez-le, ou plutôt « humez-le » sans modération !

La Part des anges (The Angel’s Share), de Ken Loach (1 h 41), avec Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland, William Ruane.