« Disquaires, une histoire » : la passion du vinyle de Francis Dordor

Le 17 juillet 2021, se tiendra la deuxième journée du Disquaire Day, grand raout annuel des amateurs de vinyles prêts à dégoter chez leurs disquaires préféres (et indépendants), inédits, éditions rares et autres tirages limités. Mais c’est quoi au juste être disquaire ? Réponse avec le livre de Francis Dordor, « Disquaires, une histoire – La passion du vinyle », qui nous narre petites et grandes histoires d’un métier aussi passionnant qu’essentiel.

Qui, parmi les plus vieux d’entre nous – pas trop vieux quand même, hein ! – n’a pas connu ces magasins étranges, cavernes d’Ali Baba remplies de trésors qui recouvraient les murs du sol au plafond ? Ces vitrines où trônaient d’énigmatiques pochettes format carré que l’on achetait parfois sur un coup de tête, juste pour l’image (coup de bol s’il s’agissait d’un album d’XTC ou de Dead Can Dance, sinon…) ? Et ces heures à compulser des bacs entiers à la recherche de la perle rare, du Saint-Graal du Maxi 45 tours, de l’import japonais ou de l’édition – presque – piratée du machin introuvable et d’autant plus désirable ?  Il y naissait alors de véritables histoires d’amour musicales, un sens de la découverte éclairée, et parfois même des vocations.

« Disquaires, une histoire – La passion du vinyle », de Francis Dordor
« Disquaires, une histoire – La passion du vinyle », de Francis Dordor, GM Editions

C’est de cette passion dévorante dont parle Francis Dordor, journaliste musical bien connu et ancien rédacteur en chef de la revue Best. Une passion pour les micro-sillons que l’avènement du CD, au début des années 80, les plateformes type Napster quelques années plus tard et enfin le streaming payant gavé d’algorythmes, n’auront su éteindre, jusqu’à sa renaissance, au début des années 2010. Dans ce livre bourré d’anecdotes, d’interviews et de rencontres hautes en couleur, Francis Dordor explore inlassablement la typologie de ces drôles de gars (les femmes sont moins nombreuses dans la profession, il serait le temps de s’y mettre !) et de leurs non moins drôles de boutiques.

Il y a les disquaires collectionneurs, les disquaires pointus façon Head Shops, les disquaires-labels, les défricheurs-agitateurs de province (Rennes Musique, Punk Records à Nancy, Black & Noir à Angers), et à chaque fois autant d’histoires à raconter que de bonnes galettes à écouter. Avec un grand sens de l’érudition et du détail, Dordor interroge des personnalités aussi différentes que Jean-Baptiste Mondino, Lenny Kaye ou Etienne Daho et partage avec le lecteur de savoureuses anecdotes racontées par de nombreux artistes (Elton John, Miossec, Lionel Liminana, Little Bob, Chrissie Hynde, et bien d’autres), afficionados, collectionneurs et bien sûr, disquaires.

Foisonnant, ultra complet et souvent réjouissant, « Disquaires, une histoire » se déguste avec un vrai plaisir et s’impose d’emblée comme une référence sur le sujet.

« Disquaires, une histoire – La passion du vinyle », de Francis Dordor, GM Editions, disponible depuis le 12 juin 2021 chez les libraires & disquaires.

 

A lire (et à regarder) également :

L’Anti Discothèque idéale #2, de Christophe Conte, également chez GM Editions

Les discothèques idéales et autres classements fleurissent depuis des décennies dans les magazines spécialisés et les médias en général. Pourtant, l’exercice s’avère délicat, voire impossible, tant l’objectivité, même la plus érudite, ne peut s’exercer dans le choix de ce que l’on considère comme « le meilleur » de l’édition musicale. Prenant l’exercice à rebrousse poil, Christophe Conte, que l’on ne présente plus, se livre pour la seconde fois à l’exercice inverse : choisir 100 disques qui l’ont marqué personnellement, et les chroniquer tout en les présentant par ordre chronologique.

L'Anti Discothèque idéale #2
L’Anti Discothèque idéale #2, de Christophe Conte

On y (re)découvrira de grands classiques (au hasard, If I Could Only Remember My Name de David Crosby, LE Randy Newman de 1968, Daisies Of The Galaxy de Eels, et bien d’autres), de belles choses récentes (Ourobouros de Ray Lamontagne, Rare Birds de Jonathan Wilson, Brothers and Sisters Of The Eternal Son de Damien Jurado…), des raretés et pour finir, des trucs complément barrés.

C’est bien sûr dans les deux dernières catégories que le lecteur pourra le mieux aller à la pêche aux découvertes, un peu comme s’il poussait la porte d’un bon disquaire après s’être laissé convaincre après lecture d’au moins écouter quelques-uns des disques en question. En ce qui me concerne, après avoir bien fouillé dans les bacs, j’ai décidé d’emporter sous le bras le sidérant Le jour où les vaches (!!) d’Emmanuel Booz, et le délicat Years, unique chef d’oeuvre de l’inconnu Marc Jonson (1972).

Un livre comme une exploration, qui conviendra aussi bien aux spécialistes qu’aux plus néophytes.

Total Records, Photography and the Art of The Album Cover, de Jacques Denis et Antoine de Beaupré, Edition Aperture :
Une très belle anthologie des meilleures pochettes de vinyles classées par photographes, styles et thématiques où les œuvres, c’est à dire les pochettes, sont souvent présentées sous forme de parallélismes très pertinents (époque, pays d’origine, style visuel et musical). A noter, l’ouvrage comprend également une interview de Jean-Baptiste Mondino.

1000 Records Covers de Michael Ochs, chez Taschen

Un gros livre pas trop cher pour les accros du vinyle qui résume l’essentiel de la production discographique des années 1960 aux années 1990. Le jeu, piquer au hasard une pochette, écouter l’album en question avant de décider finalement de l’acheter, format 33 tours et chez un disquaire, ça va sans dire !