Les trois chocolats : vaccin anti-déprime
J’ai croisé cette adresse dans « Très Très Bon ! » et rue Saint-Paul : « Les trois chocolats ». Irrésistibles promesses en noir, lait et blanc !
Ma rêverie devant paraître trop longue pour être honnête, j’entendis derrière moi des « Encore ? », des protestations, des injonctions à la raison ! Oui, à l’heure d’une vague de troubles psychologiques, j’entends des voix, mais elles sont parentales.
Il faut dire qu’avec la succession de confinements (strict, dur, souple, allégé…) j’ai replongé, cédant souvent au péché, a priori mignon, de gourmandise. Restrictions… Compensations…
Se contenter de regarder, aujourd’hui où l’on ne peut plus toucher, où l’on ne peut plus embrasser, où l’on se contente trop, et de peu… ? Non ! Résolue à goûter, je suis entrée.

Dans cette petite boutique élégante et tranquille, l’offre est mesurée et franco-japonaise, car les trois chocolats ne sont pas tout à fait ceux que l’on croit ! Le nom, évocateur de fèves intenses et de parfums variés, exprime avec pudeur la transmission sur trois générations : Sano, chocolatiers de grand-père en petite-fille !
D’abord, j’ai choisi la pâtisserie signature : un cube cacaoté, surmonté d’un « 3 » enneigé. Puis, j’ai repéré, dans la carte de saison, une superbe pavlova aux framboises, affichée « sans gluten », et « Elle », délicate création à base de fraise, de vanille et de matcha. Trois pour trois… Pas trop de dégâts !
Pour la découverte, je commence la dégustation par le « 3 chocolats » qui révèle à la découpe des couches crémeuses. Je doute : j’adore la mousse au chocolat en… mousse, moins en gâteau. Je ne doute plus : le biscuit, moelleux (l’un, chocolaté, l’autre, vanillé), équilibre subtilement les textures ! La douce chantilly, qui me transporte sur un petit nuage, parfait l’ensemble aérien.

Ensuite, place au métissage printanier. Vert chlorophylle et rose tendre suggèrent les sakura et leur vent de pétales, mais le temps des cerises n’est pas venu. Rouge d’avril, la fraise se marie à la vanille et aux arômes discrets d’herbe coupée et de thé vert. Sur le dôme brillant, le fruit, séché, légèrement collant, est comme un bonbon qu’enfant nous aimons tant.
Un dernier bout de sablé et je craque la meringue ronde et lisse. En bouche, elle est idéale : croustillante et fondante, justement sucrée. L’acidulé de la framboise est avivé par le citron vert. C’est bon, très bon, même, mais j’espérais plus d’exaltation.

Les saveurs, l’esthétique, la maîtrise… Cette talentueuse enseigne possède une autre qualité : des prix modérés. Dans ce quartier du Marais où la moindre part de simple cake ou de coulant au chocolat peut atteindre 5 euros, sous prétexte de cuisine fusion ou de recette maison, et où la crise sanitaire a plutôt une incidence à la hausse sur les tickets de caisse, j’ai eu une bonne surprise : 17,40 euros pour trois desserts de Chef !
Alors que je me retrouve en dangereuse panne de chocolat, j’ai une petite idée de l’endroit où je vais aller me ravitailler !
Les Trois Chocolats – 45 rue Saint-Paul – Paris