La Cantine à Nantes
Le Voyage à Nantes, manifestation culturelle et artistique, dépose ses bagages chaque été dans la ville des ducs de Bretagne. Elle se tient cette année du 28 juin au 1er septembre et s’inscrit dans le cadre de l’European Green Capital dont la ville est la lauréate en 2013. Car Nantes n’est pas seulement la cité de Jacques Demy, dont l’univers est exposé dans une superbe rétrospective à la Cinémathèque (ici !). Elle n’est pas non plus, uniquement le symbole de la mâche, du Petit Lu ou des projets d’aéroports fantaisistes, elle est également l’une des métropoles les plus dynamiques et agréables de notre territoire. Et à deux heures de TGV de Paname, on ne va pas se faire prier pour y aller.
Tous à la « cantoche » !
Le fil rouge de tous ces lieux artistiques ? Une ligne verte ! Tracée au sol et longue de 15 kilomètres, elle relie toutes les étapes culturelles, environnementales, artistiques ou patrimoniales de la ville. Il fallait donc un lieu convivial et sans chichis où l’on puisse se restaurer et se retrouver : c’est le rôle endossé par la Cantine du Voyage. Construite sous une immense serre démontable, mise joyeusement en couleur par des visuels de Philippe Bretelle, elle peut accueillir 300 couverts sur de solides grandes tablées en bois conçues par Frank Buschmann, façon Biergarten au design plutôt réussi. Ouverte tous les jours de midi à minuit du 1er juin au 30 septembre, la Cantine fait aussi office de bar avec DJ pour soirées électro, rock ou pop. Allez hop, shake your butty devant les anneaux de Buren le long de la Loire ! La classe, non ?
D’accord, mais qu’y mange-t-on ? De bons produits régionaux et de qualité provenant directement des partenaires locaux, dont le maraîcher Olivier Durand (portrait en bas de l’article). J’ai donc testé la formule à 10 euros le midi (13 euros le soir). Une salade croquante et délicieuse suivie d’un généreux poulet label Rouge des fermiers d’Ancenis grillé et tendre, puis une mousse au chocolat (mon dessert favori !). Le tout arrosé par un petit vin rouge d’Anjou frais et plutôt agréable (et non pas de muscadet, je l’avais déjà sifflé à l’apéro), et mon compte était bon ! Heureusement que la ligne verte était là pour la suite du parcours ! Des cours de cuisine, des ateliers et des soirées spéciales « duo de chefs » (le lundi, menus à 30 euros) sont également au programme. Avant de partir, faites cependant une halte à l’épicerie de la Cantine tenue par le très sympathique caviste de Very Good à Nantes, Patrick Moysan, qui a sélectionné, outre du vin de région, des livres et des produits locaux de qualité.
Une petite balade nantaise…
Et sinon, que faire à Nantes durant cette manifestation ? À vous de choisir selon vos goûts et vos envies, tant l’offre est riche et variée… Cependant, difficile de faire l’impasse sur les grands classiques quand on y vient pour la première fois. Tout d’abord, le Lieu-Unique, scène emblématique de Nantes installée dans les anciennes usines de Lu. Un petit tour s’impose également au superbe château des ducs de Bretagne, qui abrite jusqu’en 2014 une expo très émouvante sur le quotidien des Nantais durant les deux guerres. Dans un registre radicalement différent, j’ai été totalement bluffé par le carrousel des Mondes-Marins, extraordinaire manège en bois de 25 mètres de haut entièrement dédié à la mer ! Il fait partie des Machines de l’ Île, avec le fameux Grand Éléphant de 12 mètres dans lequel vous pouvez grimper pour un fabuleux voyage ! Et si vous voulez finir la soirée un cocktail à la main, avec Nantes à vos pieds, montez au 32e et dernier étage de la tour Bretagne où se trouve le Nid, bar à l’atmosphère berlinoise, entre arty et bobo pas (trop) prise de tête.
– Pour tous renseignements : Le Voyage à Nantes (du 28 juin au 1er septembre)
– Lien direct : La Cantine du Voyage (du 1er juin au 29 septembre)
Portrait d’un maraîcher exigeant : OLIVIER DURAND
Jeune maraîcher installé aux Sorinières, à la lisière de Nantes, Olivier Durand est l’un des fournisseurs de la Cantine du Voyage. Mais également de deux restos nantais, LuluRouget et l’U.Ni, ainsi que de chefs parisiens créatifs renommés (Sven Chartier, William Ledeuil, entre autres) à la recherche d’une qualité gustative, chromatique et visuelle unique. Car Olivier est un personnage atypique, sympathique et profondément attachant.
Il nous reçoit dans sa serre un peu déglinguée vieille de 40 ans, et explique qu’il laisse les herbes folles, les insectes et n’utilise pas de pesticides. Et contre les rongeurs ? Un charmant matou, qui rôde entre les radis et les navets ! Planquez-vous, les mulots ! Globe-trotter, Olivier a fait le tour du monde avec pour thème… le légume, bien sûr ! Il en est revenu avec un intérêt nouveau pour les saveurs différentes, et cultive une soixantaine d’espèces de légumes. Il faut le voir parler avec passion des petits pois « caviar » (car plus petits que les petits pois traditionnels), des carottes de Chantenay qui ont un goût sucré à tomber (même Wallace & Gromit adorent !), de la carotte Purple Haze (à écouter avec Hendrix donc, et les vapeurs qui vont avec…) ou des différentes variétés de poireaux. Sa démarche est purement qualitative. La quantité, il s’en fiche, et tant pis si son exploitation est de taille réduite.
Olivier aime créer un contact direct avec ses clients, et est d’ailleurs très exigeant dans son choix. Il veut savoir à quelle sauce on va manger SES légumes et ne les livre pas à n’importe qui ! Il fait tout pratiquement seul, aidé en ce moment par sa sérieuse mais adorable collaboratrice, Hélène. Un travail dur mais qui paie : Olivier est considéré comme l’ un des meilleurs maraîchers du moment. Alors, si vous souhaitez profiter de ses bons légumes de saison, il vend également aux particuliers le samedi matin dans son exploitation des Sorinières. Et pour les Parigots, il fournit l’épicerie de Terroirs d’avenir dans le quartier Sentier-Montorgueil, rue du Nil. Rue des fameux restos Frenchie de Gregory Marchand, un autre de ses clients.