Rock da Breizh !

Quel est le point commun entre Marquis de Sade, Niagara, une rave party, un ancien des Béruriers Noirs et Christophe Miossec ? Je vous le donne en mille : la Bretagne ! Plus sérieusement, l’excellent documentaire d’Erwan de Guillermie et David Morvan, Rock da Breizh, a été présenté à Art Rock en avant-première et c’est une franche réussite. Hyper documenté, parfois presque émouvant, il décrypte ce que l’on pourrait appeler, très improprement, le « rock breton ».

Le voyage commence à Rennes, au milieu des années 1970. La jeunesse d’alors découvre les Sex Pistols. Parmi elle, Philippe Pascal et Franck Darcel, plus influencés par des artistes comme Television ou Père Ubu, fondent un groupe qui allait devenir mythique et imposer la scène rennaise : Marquis de Sade. Autour d’eux, un foisonnement de groupes créatifs, sombres et déjantés comme Les Nus ou Complot Bronswick. Deux albums et le groupe se sépare… Une ombre passe dans le regard de Philippe Pascal –  Marc Seberg, c’était lui… – lorsqu’il évoque l’évolution de ce vivier de jeunes talents. Car Rennes deviendra la ville des Trans Musicales, de Niagara, d’Etienne Daho… Qui se souvient encore aujourd’hui des fulgurances du « post-punk » breton ?

Christophe Miossec s’en souvient, lui, et définit d’ailleurs Brest, son esthétique controversée, « indus »,  comme post-punk. C’était l’époque de son Printemps Noir, l’époque où la jeunesse bretonne allait de bar en bar, les oreilles bourrées de décibels. « Les Bretons sont des fous furieux et c’est ça le rock » : c’est Miossec qui le dit ! Autre avatar de cette quête libertaire, ces marathons électro installés dans des champs, des carrières, des parkings, qu’organisaient les Teknokrates. « Rave » libertaire là-aussi d’un mouvement  court-circuité de l’intérieur…

Mais que reste t-il alors du rock breton ? Paradoxalement, peut-être les Bérus, groupe au fumet pourtant bien parisien, et leur concert mythique de 2003 aux Trans Musicales qui faillit mettre la ville à feu et à sang. Loran, un des fondateurs du groupe et désormais Ramoneurs de Menhirs, s’en souvient, lui qui arbore encore l’uniforme punk. L’âme du rock breton, c’est lorsqu’il se produit sur scène avec Louise Ebrel, jeune chanteuse traditionnelle de 80 ans…

Regardez en streaming l’excellent documentaire Rock da Breizh grâce à Tébéo TV. Allez Arte, encore un effort, la Bretagne est un brasier où le rock peut encore se consumer !