Gérard Palaprat, un hippie a disparu dans le ciel…

« Ici tour de contrôle à fusée, racontez-nous le ciel… Ici fusée à tour de contrôle, les étoiles jouent le rôle de perles d’oubli au cœur d’un roi qui se languit… »

Tout chercheur confronté à de telles métaphores poétiques ne peut qu’être chamboulé, à juste titre, par la profondeur inhérente à une approche aussi cosmique. Reprise sidérante, et sidérée, d’un petit morceau écrit en 1969 (et rapidement tombé aux oubliettes) d’un certain David Jones*, cet « homme qui a disparu dans le ciel » est l’exemple même du génie de Gérard Palaprat.

En 1969, Gérard a les cheveux frisés, un air de jeune rebelle et les yeux vairons. Cet aspect d’ange du bitume va lui valoir le rôle de Woof dans la légendaire comédie musicale « Hair ». Tenons à préciser pour les amnésiques, ermites et autres esprits fermés que l’argument velu du spectacle se résume à peu prés ainsi : une bande de hippies se laissent pousser les cheveux pour dire non au Vietnam, glorifier l’amour et la révolution sexuelle…

Et comment criait-on aux bourgeois son envie de révolte en 1969 ? En enfilant des perles ! Oh, pas des perles d’oubli bien sûr, quoiqu’il serait fort tentant de souligner la poly-isotopie de l’œuvre de Gérard ! Non, il s’agit bien de perles des profondeurs, joyaux nacrés d’un amour au goût d’interdit, du moins à la fin des années 60.

« Sodomie
Feuille de rose
Flagellation
Pédérastie
Seigneur, pourquoi ces mots sont-ils bannis ?
Masturbation
Tendres débuts
Mais après c’est l’orgie kamasutra
Pour la vie »

Indéniablement flatulent, pour ne pas dire virulent, ce texte est un manifeste puissant glorifiant l’ouverture d’esprit, l’élargissement des valeurs, l’œcuménisme, l’utilisation du savon de Marseille en pulvérisation (seulement sur les tiges) et le ramonage des cheminées.

Car pas plus tard qu’hier, Gérard est sorti du trou et a rencontré Dieu ! « Fais-moi un signe (je ne te demande qu’un seule geste de la main) » : puisqu’on vous parle d’isotopies… « Pour la fin du monde » (prend ta valise et va là-haut sur la montagne, on t’attend…) », « L’homme tu ressembles à Dieu (dans tes longs cheveux, je vois briller le soleil…) », « Shiva » (mère de tout l’univers… ) : la liste est longue, l’aromathérapie flatteuse, la tunique raëlienne, l’œuvre immense…

Depuis, Gérard Palaprat avait atteint une certaine sagesse et comme il le disait sur son site « De mes tournées avec Antoine, Daniel Gilbert, Michel Sardou, Yves Lecocq, je garde de bons souvenirs mais j’ai dans la tête plein de chansons et de livres à écrire et un grand rêve à réaliser : un spectacle pour aider le peuple tibétain en exil. »

Et la musique dans tout ça ? Et bien elle est comme Dieu, et comme Palaprat : universelle, infinie dans sa diversité et injustement oubliée !

*Il s’agit bien sûr de David Bowie et de son Space Oddity !

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