La tarte aux framboises…

…d’un soir d’été.

« Va cueillir, villageoise,
La fraise et la framboise
Dans les champs, aux beaux jours. »*

Framboises si mûres, qui se déclinent sur tous les tons, du blanc au rouge, teintées de rose ou ruisselante d’eau fraîche ; framboises aux feuilles froissées, à l’odeur aigrelette, presque verte, qui appelle à ses côtés la menthe en fleur et le jasmin étoilé. Princesses mellifères, qui s’y frotte, parfois s’y pique…

Tarte framboisesL’été s’en va, il est déjà parti. Les framboises pourtant, s’attardent au jardin. Insaisissables, tour à tour sucrées ou acidulées, elles se dérobent au cueilleur, jouent à cache-cache, lui tachent les doigts et lui mouillent les lèvres de pourpre merveille. Déjà, le soir se hâte, on allume les bougies. Que faire de ces baies veloutées, plus douces que les mûres, leurs sauvages cousines ?

Une tarte ! Après avoir ramassé les divins fruits dans une jatte de grès et si l’on a réussi à ne pas tout manger, debout sous le soleil d’automne qui allonge les ombres ou caché derrière un arbrisseau, l’air penaud de gourmandise. N’importe quel placard contient en général le peu qu’il faut pour improviser cette tarte aux framboises d’un soir d’été. Quelque chose comme :

–          100 g de sucre
–          125 g de beurre pommade
–          1 œuf
–          1 pincée de sel
–          275 g de farine

Mélanger le sucre, le beurre et l’œuf entier, quoi de plus facile ? Une pincée de sel et le sort en est jeté, tout comme la farine, versée en une seule fois d’un air décidé. Attention tout de même, la pâte, pour n’en n’être pas moins sablée, peut se révéler collante et quelques grammes de farine supplémentaires peuvent être nécessaires.

FramboisesPétrir, pétrir encore, avec les mains, pour le plaisir tranquille de faire rouler la pâte sous ses doigts. Vite, un moule, une feuille de papier sulfurisé ! Par ruse, on peut même étaler la pâte – au rouleau, cela va de soi – directement sur le papier, pour qu’elle ne se casse pas : et hop, la voilà sur le moule ! A l’aide d’une paire de ciseaux, on découpe un cercle parfait ; une autre feuille de papier sulfurisé est posée par-dessus, aussitôt recouverte de pâtes ou de légumes secs. Une vingtaine de minutes de cuisson devrait suffire. Quant à la température, qu’elle reste dans la moyenne, il ne faudrait pas faire un four !

Dehors, le chat s’est installé sur la table du jardin et ses yeux deviennent pareils aux feuilles, d’un vert aigu teinté de rouille. Il rêve en regardant le haut des arbres, à moins qu’il n’ait repéré un nid… Les fruits lourds tombent avec un bruit sourd, la pâte refroidit.

Alors, que faire pour embellir cette tarte, une fois les framboises disposées bien serrées, comme pour une « Danse en rond »* ?

Un sirop ! Improvisé par une amie, avec de la confiture de mûres faite maison, un rien de sucre glace, un peu d’eau et, et… qui a de la liqueur ? De la Poire, dénichée dans le vieux bahut, fera l’affaire. Tout cela est chauffé, mélangé, et donne un jus sombre et brillant qui, tiédi, viendra napper la tarte et prolonger l’été et son souvenir.

Et maintenant, savourez lentement en écoutant le Magic Garden de Johnny Mathis sur l’album I’ll Buy You A star (1961), orchestré par Nelson Riddle, s’il vous plaît !

*Quelques lignes extraites du Château de l’Arbrelles in Toute La Lyre de Victor Hugo