Ouvrez grand vos oreilles !
Le Musée des Arts et Métiers, associé à Radio France et l’INA, présente jusqu’au 2 septembre 2012 une exposition passionnante consacrée à l’histoire de la radiodiffusion. Ne vous fiez pas au premier abord à la taille plutôt réduite de l’exposition, vous pouvez en fait y rester des heures ! Car, comme le suggère le titre, « ouvrez grand vos oreilles ! » et laissez-vous guider par ce que vous entendez…
Passé une première pièce où s’entremêlent dans un joyeux mix une douzaine de chansons ayant pour thème la radio (Radio Gaga de Queen, On the Radio de Donna Summer, RadioSong de REM, Rockollection de Voulzy…), plusieurs questions s’imposent d’emblée. Pourquoi la radio a t-elle toujours autant de force, comment a t-elle conservé son attrait, comment est-elle restée d’actualité dans une époque pourtant saturée de sons et d’images ? C’est sans doute, paradoxalement, grâce à la place dominante et exclusive qu’y occupe la voix humaine.
L’exposition s’articule de manière chronologique autour de 6 grandes périodes. Elle est ponctuée d’objets magnifiques, notamment des vieux émetteurs et récepteurs en bois de style Art Déco ou des tables de mixage des années 80/90, et est jalonnée de salons d’écoute collectifs, de casques individuels et d’écrans. On y voit en filigrane l’évolution extraordinaire, tant sociologique et historique que technique du 20ème siècle : de la TSF des années 1920 jusqu’au MP3 des années 2010.
Car la radio, c’est aussi la Petite Histoire qui rencontre la Grande Histoire. Dés le début, ce nouveau média se pose d’ailleurs en outil de propagande ou de démocratie. Placer les écouteurs survos oreilles (« grandes ouvertes », donc !), et écoutez ! Véritable arme de combat pour la liberté, notamment avec le très célèbre « Les Français parlent aux Français ! » du Général De Gaulle scandé sur les ondes de Radio Londres, la voix se fait également instrument inquiétant du pouvoir totalitaire. On reste médusé, en entendant les extraits du discours de 1933 d’Adolf Hitler, ou encore la diatribe surréaliste de Charles Laville tentant de légitimer le port de l’étoile jaune.
Après la Guerre, la radio se fait plus « légère », plus « amusante » : c’est l’époque euphorisante des Trente Glorieuses. Elle devient un important média de culture et de divertissement avec, par exemple, la création en 1959 sur Europe 1 de Salut les copains ! N’hésitez pas d’ailleurs à jeter un coup d’oeil sur les écrans qui ponctuent l’exposition. Les archives de l’INA sont véritablement savoureuses ! Vous pouvez y voir en vrac, Jospin, Sheila, Cohn-Bendit, le Tour de France, Maurice Chevalier, Pompidou ou un « kitchissime » radio crochet des années 30 (sponsorisé par Monsavon !), véritable Star Ac’ avant l’heure !
Avec l’éclatement de l’ORTF en 1974, l’émergence des radios pirates, puis l’apparition des radios libres en France dans les années 80, bouleversent totalement le paysage radiophonique. On regarde un réjouissant documentaire témoin de cette liberté : l’émission des ondes de Radio Caroline, radio pirate au sens littéral du mot, se fait alors à partir…d’un bateau battant pavillon panaméen ! On écoute aussi avec un sourire la voix de Ménie Grégoire sur RTL. Précurseur d’ailleurs d’une tendance lourde : l’intime, le quotidien, la sexualité…des thèmes que reprennent à leur compte, mais sous un aspect plus « jeune », Doc et Difool sur Fun par exemple, et qui restent toujours prépondérants sur les ondes de l’ère du numérique des années 2000.
Bref, vous l’aurez compris, cette exposition est d’une densité surprenante. Elle agit comme une véritable madeleine de Proust pour toutes les générations de 7 à 77 ans (voire beaucoup plus !) qui y retrouvent avec nostalgie José Artur, Pierre Dac, Léon Blum, Marianne Faithfull, Supernana, Laurent Ruquier ou encore Stéphane Guillon !
Vous voulez emmener les enfants ? Un parcours a été spécialement réservé pour eux. Ils peuvent aussi participer à des ateliers découvertes. Des visites guidées, des conférences et des débats complètent également l’exposition.
Musée des Arts et Métiers – 60 Rue Réaumur – 75003 Paris
Jusqu’au 2 septembre 2012
Ouvert du mardi au dimanche inclus, de 10 h à 18h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h 30
ou puis entendre le pop club donna summer par josé athur vers 1987
merci pour une réponse