Tasse de T ?

Tout avait pourtant bien commencé en ce 28 février 2011 glacé, comme si un souffle venu d’Islande était venu faire étinceler la tour Eiffel toute proche. Olöf Arnalds au Studio des Champs-ElyséesInnundir Skinni, un album tout en sensibilité : oui la soirée s’annonçait prometteuse. Seulement voilà, ce que d’autres journalistes ont trouvé « délicieux » m’a semblé presque… irritant, si ce n’est pas décevant.

C’est Cléo T, ancienne moitié du duo 21 Love Hotel, qui ouvre la danse, et elle l’ouvre plutôt bien. Drapée dans une longue robe blanche, les cheveux artistiquement décoiffés, elle se donne des airs de muse moderne. Une Melpomène ludique, accompagnée d’un seul guitariste, qui siffle, tape dans les mains, manie le tambourin, le piano jouet ou une sorte de petit tympanon. Son petit cabaret pas si sauvage que ça tient la route. La demoiselle a l’air de sortir d’une maison de poupées mais souvenons-nous qu’elle a collaboré aux déjà mythiques Fitzcarraldo Sessions et l’on murmure qu’un certain John Parish s’intéresserait à elle…

On est mal dans ce petit théâtre ou le décor de la pièce du moment est resté sur scène. La faute aux charmants fauteuils de velours rouge ; impossible de bouger, on n’ose pas tousser, à peine respirer. Puis la belle Olöf entre en scène. Une apparition scandinave en velours et roses rouges, parfaitement raccord avec les fauteuils tiens… Elle chante et l’on reconnaît tout de suite ce timbre si particulier, cette modulation hypnotique voulue par la langue islandaise, comme un filet d’argent sur une pente rocailleuse.

Mais très vite, la voix perd le fil. S’accompagnant seule de guitares sèches, grandes et petites, Olöf Arnalds s’égare un peu, allant jusqu’à s’arrêter au milieu d’une chanson pour un accord mal plaqué. Mais qui le remarque ? Elle, sans doute. Elle demande de l’eau, plus de lumière pour voir le public, tente de le faire chanter sur du Gainsbourg ; l’ensemble est balbutiant, l’exercice de style hésitant.

Manque de préparation, trac ou péché d’orgueil : difficile de trancher. Olöf a du charme, peut-être trop, mais elle n’est pas arrivée ce soir là à cet état de grâce que d’autres sirènes nordiques atteignent à force de travail et de professionnalisme. L’image d’Ane Brun, vue plusieurs fois dernièrement sur une scène parisienne, se superpose, véritable alchimie de force et de mystère. Une autre fois, peut-être…

Pour en savoir plus :

http://olofarnalds.com/

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Clou

Le charme est rompu

Elle n’est en France que pour une date et j’imagine déjà comment son chant lumineux, mêlé à de mystérieux accords de charango, va envoûter le public du Studio des Champs Elysées. Quelle n’est pas ma déconvenue lorsque, après la première partie délicieusement romantique de Cleo T, je découvre sur scène une Ólöf Arnalds dispersée et désinvolte.

Ainsi, quand elle n’interrompt pas brutalement ses magnifiques ballades pour demander à l’équipe technique de baisser le volume de son micro, puis de l’augmenter ou encore d’éclairer le public, la jeune femme cesse de jouer dès qu’elle fait la moindre petite fausse note. Comme ça, au beau milieu d’une chanson. Ces multiples cassures tout au long du set, qui ne me paraissent pas du tout justifiées, finissent par en rompre le charme et m’agacer très sérieusement. Parfois je trouve que la musicienne pèche par excès de perfectionnisme, parfois, j’ai le sentiment qu’elle prend ce concert un peu trop par-dessus la guitare.

Dommage, le public, lui, le prend très au sérieux. L’assemblée est en effet très silencieuse, très concentrée, très bien élevée, on se croirait un à concert de musique de chambre. Ce qui met d’autant plus en exergue les faiblesses scéniques de la chanteuse, qui ne semble vraiment pas savoir quoi offrir à ce public aussi prévenant. Un petit concert improvisé a cappella ? Un set intimiste ultra carré avec guitare et charango ? Un peu perdue dans tous les cas. Je tâche de ne pas la condamner trop vite et me dis que la chanteuse n’est peut-être pas très à l’aise sur scène ou bien qu’elle n’a pas eu le temps de répéter.

Quoi qu’il en soit, j’ai été très déçue par la prestation bancale d’ Ólöf Arnalds, malgré une jolie reprise de  « Maria Bethania », l’un des titres phares de Caetano Veloso et une version acoustique très touchante de « Surrender ».

Pour en savoir plus :

http://www.myspace.com/cleotmusic
http://www.myspace.com/olofarnalds

Un avis pour “Tasse de T ?

  • 12/03/2011

    Déjà bien intéressée par l’article, je n’en finis pas d’admirer vos trouvailles. Le clou… de girofle, ça me parle !

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